«We touch I feel a rush.. we clutch it is'nt much»

Zoey Haviden

Quelques jours après la scène avec Josh, Zoey eut finalement l'idée du siècle : the lucky strike. Elle allait enfin rencontrer des hommes honnêtes, qui savent ce qu'ils veulent, qui ne se serviront pas d'elle. Zoey était pleine d'espoir, et croisait les doigts pour que l'homme de sa vie se trouve parmi toutes ces personnes en train de remplir des formulaires...

« Tu sais, j’ai une solution pour que tu ne partes pas… »
« Dis moi ? »
« Non mais, je sais que tu n’accepteras jamais.. »
« Dis toujours ! »
« Ben, il suffirait que j’te mette enceinte, comme ça t’es obligée de rester ici ! »

Zoey éclata de rire. La situation n’était pas drôle, au contraire, son rire était plutôt nerveux. Lui, Victor, son mec depuis deux ans, son premier vrai amoureux, voulait « la mettre enceinte » ? Elle n’en revenait pas. Elle était déçue des termes choisis d’abord, parce qu’ils étaient plutôt grossiers ! On ne « met pas sa meuf enceinte », on lui fait un enfant. Le manque de tact avait toujours été un défaut chez Victor. Mais surtout, surtout, se rendait-il compte de la connerie qu’il venait de dire ? Rien d’aussi insensé que cela n’était encore sorti de sa bouche… Faire un enfant à une nana de dix-huit ans pour qu’elle reste auprès de lui. Un enfant, il faut le désirer ! Il faut être capable de s’en occuper, il faut avoir un travail, il faut avoir un appartement, il faut être plus âgé ! Même si Zoey était une grande romantique, même si elle était naive comme une enfant de dix ans, jamais ô grand jamais elle n’aurait eu cette idée. Zoey était tout sauf insensée.

« Oui et je fais quoi moi de ma vie avec un enfant à dix-huit ans Victor ? »
« On prend un appart, et tu t’occupes du bébé pendant que je travaille… Y’en a plein qui vivent comme ça ! »
« Tu te moques de moi là ! On dirait que tu me connais pas. Tu me vois moi, rester une femme au foyer ? On est au 21e siècle Victor ! Les femmes travaillent, les enfants se font plus tard, et merde tu réalises ce que tu me proposes ! T’es complètement malade ! On est jeune, on fera pas toute notre vie ensemble, alors on va surtout pas la gâcher en faisant un enfant ensemble ! »

Zoey n’en revenait pas. Victor l’avait complètement changée, et il semblait n’avoir aucune limite. Quelques années auparavant, elle était la petite fille modèle. De bonnes notes à l’école, aucune bêtise, jamais punie, des parents qui s’aiment, un frère et une sœur plus ou moins normaux.. Et puis elle rencontra Victor. Victor qui avait arrêté l’école à 16 ans pour travailler. Victor qui avait déjà la vingtaine. Victor qui l’avait un peu précipitée pour faire l’amour. Non il ne l’avait pas forcée.. Mais Zoey était contente qu’un garçon s’intéresse à elle, qu’un « bad boy » n’ait d’yeux que pour elle. Alors lorsqu’il lui avait dit que sans sexe, leur relation ne ferait pas long feu… Elle avait cédé, trop vite, alors qu’elle voulait le faire patienter quelques mois pour être sûre qu’il l’aimait… Victor fumait, un peu de tout, mais surtout de l’herbe. Du coup, elle aussi s’y était mise, parce qu’il lui avait dit que c’était cool. En effet, ça l’était. Ils adoraient aller au cinéma en étant défoncés. Les films leur paraissaient tellement plus vrais, tellement mieux. Victor buvait, un peu trop, mais pas elle. Elle le ramassait souvent aux soirées, elle le ramenait chez lui comme elle le pouvait…Elle faisait parfois plus sa maman que sa copine. Mais tout cela, c’était fini. Zoey avait désormais dix-huit ans, et il était temps pour elle d’intégrer une école supérieure. Heureusement, même si son comportement à l’extérieur de l’école avait bien changé, ses notes scolaires n’avaient cessé d’augmenter. Elle avait donc pu choisir l’université de Berkeley qui se situait à plus de trois cent kilomètres de ses parents, de sa ville natale, et surtout de Victor. En fait son choix était tout réfléchi : Zoey réalisait qu’elle ne pouvait pas faire toute sa vie avec Victor.. Victor le casanier, Victor l’asocial, Victor le motivé pour rien, Victor à la mauvaise influence… Zoey voyait les choses en grand, concernant son avenir. Elle voulait voyager, découvrir des pays étrangers comme la France et l’Inde notamment, elle voulait faire de longues études, devenir indépendante, devenir importante, et être fière de sa personne. Victor ne collait pas avec tout cela… C’est probablement pour toutes ces raisons que leur relation se termina quelques semaines après son départ pour Berkeley.


« Zoey ce serait bien qu’on rentre maintenant, j’en ai marre ! »
« Attend Juliet encore juste une petite heure ! On s’amuse bien là ! »

Et Zoey retourna dans les bras de son inconnu, complètement ivre, complètement défoncée. Elle s’en fichait de toute façon. Elle s’en fichait d’être dans un état pitoyable, elle s’en fichait d’être avec un mec louche, elle s’en fichait de se comporter comme une salope, parce qu’elle savait qu’elle avait perdu l’homme de sa vie. Bien qu’elle n’était alors âgée que de 22 ans, Zoey avait déjà eu une quinzaine d’amoureux. Les coups d’un soir, ce n’était pas son truc. Elle préférait les vraies relations, avec du romantisme, avec des fleurs, et souvent avec des larmes à la fin. Côté cœur, Zoey n’avait pas été très chanceuse. Après Victor, ses relations les plus longues n’étaient que de quelques mois. Le plus souvent, c’était elle qui se lassait. Ou elle qui prenait peur parce qu’elle trouvait que tout cela devenait trop sérieux. Bref, à chaque fois elle était insatisfaite. Mais cette fois, c’était différent. Jeremy, elle l’aimait vraiment. Même si ça ne faisait que trois mois, même si ils se disputaient très souvent, elle se sentait bien avec lui. Et le mieux, c’est que ce qu’elle ressentait pour lui était réciproque. Leur relation aurait pu continuer longtemps. Zoey était du genre extrême, à tout faire de façon exagérée. Lorsqu’elle tombait amoureuse, elle parlait de mariage et d’enfant au bout de deux semaines. Lorsqu’elle se mettait à douter, elle alertait tout le monde et elle posait mille questions à toutes ses amies. Lorsqu’elle prenait quelques kilos, elle était forcément enceinte. Et lorsqu’elle était triste… C’était la fin du monde. Même si sa meilleure amie venait la voir tous les jours pour tenter de la sortir du lit, Zoey n’avait pas bougé depuis deux semaines. Deux semaines qu’elle était sous ses draps, à pleurnicher. Mais ils ne comprenaient pas les autres, ils ne comprenaient pas que Jeremy était le bon. Elle ne se lassait pas de ses « je t’aime », il était parfait au lit, et il était probablement l’homme de sa vie. Mais voilà, Jeremy était mort. Il avait été tué dans un accident de voiture, deux semaines auparavant. Zoey pensait qu’elle ne s’en remettrait jamais. Sa vie était terminée.. Alors quand sa meilleure amie l’avait forcée à aller à une soirée, Zoey avait finalement trouvé la motivation. Elle avait eu raison, qu’est-ce que c’était de bon de boire, d’avoir la tête qui tourne, de fumer, de rire pour rien, de pas tout comprendre, d’embrasser n’importe qui, de se sentir sexy..

« Bon toi tu vas la lâcher ! Zoey on y va. »

Zoey ne s’était pas trop rendue compte qu’elle était plaquée contre un mur. Qu’est-ce qu’il était grand ce bonhomme… Plutôt mignon. En tout cas, elle aimait bien quand il la touchait. Apparemment, Juliet n’appréciait pas trop puisqu’elle lui criait dessus présent. Comme elle ne comprenait plus grand-chose mais qu’elle n’avait encore jamais vu Juliet aussi en colère, Zoey décida de se taire et de la suivre dans la voiture, probablement pour rentrer.

« Zoey je sais plus quoi faire de toi, soit tu restes dans ton lit comme un bébé à pleurnicher, soit tu bois comme un trou et te laisses tripoter par n’importe qui ! Ca devient grave. A partir de demain tu retournes en cours, et je t’accompagnerai jusqu’aux portes de la salle. Si tes parents te voyaient.. Tu te rends pas compte comme tu es pitoyable ! Tout ça pour un mec que tu connaissais à peine, Zoey ça faisait quoi, 2 mois ? 3 mois ? Grandis un peu… »

***

« Arrête deux secondes ton mélodrame... ! »

Encore une fois, Zoey s’était fait avoir. Trois années s’étaient écoulées depuis la mort de Jeremy, et elle s’en était largement remise. Mais elle n’avait pas muri pour autant. Les garçons restaient le sujet principal de sa vie, et surtout la cause principale de ses problèmes. Même si ses cours lui prenaient beaucoup de temps, son temps libre, elle le consacrait à la recherche de l’homme de sa vie. Elle avait beau avoir 25 ans, être une future journaliste prometteuse, être adorable, Zoey n’était encore qu’une gamine qui croyait au prince charmant. Cette fois-ci, il s’appelait Josh. Cette fois-ci, il était beau, il était différent… Bref. N’empêche qu’elle l’avait surpris en train de coucher avec une autre. Encore un imbécile de plus.

« Que j’arrête ! T’es qu’un pauvre con ! Je suppose que je devrais te féliciter pour avoir coucher avec une pétasse ! »
« Je te demande juste de m’écouter !! C’est dingue d’être aussi bornée… On s’était rien promis ! Y a rien d’exclusif entre nous, alors qu’est-ce qui t’emmerde à ce point à la fin ? »

Zoey se retenait de pleurer. Une vraie femme doit savoir se contrôler. Une vraie femme doit savoir être forte. Mais c’était bien dur… Comment ça y’avait rien d’exclusif entre eux ? Ca faisait des semaines, voire des mois qu’ils se voyaient et qu’ils couchaient ensemble ! Certes, ils passaient la plupart de leur temps au lit, mais qu’est-ce qu’il voulait de plus ? Leur relation paraissait logique, en tout cas pour Zoey. Elle ne ressentait pas le besoin de lui demander s’ils étaient un couple, puisqu’elle le savait. Du moins, elle pensait le savoir. Il s’était servi d’elle… Il l’avait utilisée comme un objet, elle n’était qu’un plan cul en fait ! Zoey en en avait marre, marre de rater sa vie et toutes ses relations amoureuses. Zoey ne l’écoutait plus. Les garçons étaient doués pour l’embobiner, trouver les mots pour la calmer, la faire changer d’avis… Les hommes la rendaient tellement vulnérable. Elle n’allait pas se laisser faire. Elle n’allait plus se laisser faire. Zoey avait envie de crier de toutes ses forces, de lui dire qu’il n’était qu’un pauvre type, qu’un idiot, qu’il se doutait bien qu’elle n’était pas le genre de fille à plan cul. Elle avait envie de le taper, de lui faire du mal comme il venait de lui faire mal. Josh venait de faire atterrir Zoey sur terre. Il venait de lui prouver, enfin, qu’elle était bien trop naïve. Zoey l’avait enfin compris. Zoey allait peut être enfin grandir… Elle le regarda quelques longues secondes sans dire un mot. Puis, lorsqu’elle voulut ouvrir la bouche, il la coupa, en lui disant de laisser tomber, et sortit. Désormais, Zoey n’allait plus se faire avoir par les mecs comme lui. Elle allait consacrer plus de temps à ses parents, à ses amis, à ses études…